Nestor, le majordome très stylé, et très indiscret du capitaine Haddock, a confié à Gabriel Coatantiec, la folle histoire du sparadrap qui s'est déroulée pendant le voyage de son maître vers la Bordurie.

Introduction:

L'affaire Tournesol, dont l'original de l'une des pages est au musée Pompidou, est décidément l'un des chefs d'œuvre de Hergé. Cet album est caractérisé entre autres par la présence de mythes : la moustache de Plekszy Gladz, le parapluie de Tournesol dont le manche se dévisse.
Il existe un autre objet caractéristique : c'est le petit sparadrap qui donne lieu à un gag de la vie quotidienne développé sur plusieurs pages traduisant la difficulté de se débarrasser d'un problème collant !
Voici ce gag en une dizaine de chapitres.

Chapitre 1

Le départ : on voit le sparadrap apparaître sur le nez du capitaine Haddock page 28 : c'est normal, car il a été légèrement blessé à la page précédente lors de l'attentat contre la maison du professeur Topolino.

Chapitre 2

Pendant 16 pages, de la page 29 à la page 44, le capitaine conserve ce sparadrap sur le bout du nez sans que le lecteur ne s'en émeuve. Ce sparadrap est très résistant car il ne se décolle pas malgré un bain forcé page 35, et un jet de lave-glace page 36. Il résiste à la casquette du capitaine, et même à la conduite sportive de Arturo, Benedetto, Giovanni, Giuseppe, Pietro, Archangello, Alfredo Cartofolli dé Milano.

Chapitre 3

Début du gag, page 45 : « Tiens, qu'est ce que j'ai là sur le nez ? »

Chapitre 4

Première tentative : le capitaine essaye dans le car de la Swissair de se débarrasser de son sparadrap et ce sont les autres passagers placés devant lui qui récupèrent le problème : « Mais ça colle ! » « Et ça colle bien ! » (page 45).
Le capitaine se planque derrière son journal !

Chapitre 5

La phrase culte : « Bon voyage, petit sparadrap ! » (fin de la page 45) Mais... le capitaine l'a déjà récupéré sans le savoir. C'est comme un spectacle de guignol : le lecteur-spectateur voit le drame se nouer, mais le héros ne se doute de rien !

Chapitre 6

Dans l'avion (13h40), revoilà le sparadrap ! : « Regardez-moi ce sparadrap de malheur, mille tonnerres! ... Par quel tour de passe-passe est il arrivé à se fourrer sur ma casquette ? » (page 46).

Chapitres 7

Le voyage du sparadrap dans l'avion ! (page 46) 14h17... sur le gant de la dame élégante, 14h35... sur le pouce du monsieur portant un nœud papillon vert, 14h52... sur l'uniforme de l'hôtesse, 15hO3... sur la main du monsieur à lunettes.

Chapitre 8

Dans le poste de pilotage, sur le pilote ! (15h48) le sparadrap aurait pu provoquer un castastrophe aérienne.

Chapitre 9

Atterrissage à Szohôd (16h30) : retour à l'envoyeur du petit sparadrap ...
C'est Tintin qui s'en aperçoit (page 47) : « Capitaine, vous avez une vilaine tache là. Attendez, je... » et c'est Tintin qui récupère le sparadrap ! Mais le lecteur aurait pu repérer le petit sparadrap avant Tintin, sur la page précédente (page 46), dans le dos du capitaine Haddock (strip 4, vignette 2).

Chapitre 10

Avant dernier bénéficiaire, le chef du poste de police de l'aéroport : « Priszty ! Qu'est-ce que c'est ça ? ».
Le capitaine est tout content de voir que les autres peuvent avoir le même genre de problème que lui.


Il aura la même réaction au Tibet lorsque son interlocuteur jouant machinalement avec un bracelet élastique le recevra dans la figure.

Hélas, la joie du capitaine sera de courte durée:
Car c'est lui qui en définitive récupère le petit sparadrap et le ramène avec lui, sur son coude au restaurant ! (page 49, strip 2, vignette 2) « Quoi?... Non, mille sabords ! c'est ce tonnerre de Brest de sparadrap qui ne veut pas me lâcher !... ».

Conclusion:

Les sparadraps sont comme les moustiques : ils voyagent en avion. J'ai bien regardé ensuite : on ne voit plus le petit sparadrap et la page 49 (strip 2, vignette 2) est donc la dernière page du gag du sparadrap collant et voyageur.

On retrouvera le capitaine Haddock aux prises avec un autre petit sparadrap dans « Vol 714 pour Sydney » (page 33, strip 2, vignette 3, et strip 4, vignettes 2 et 4), avec une fine allusion: « ...J'ai eu des ennuis avec un bout de sparadrap: Vous voyez ce que je veux dire... ».

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