Malgré une apparence un peu fruste, le général Alcazar est un fin connaisseur des civilisations de l'ancien Pérou (en partie grâce à Chiquito son ancien partenaire) il aborde ici
l'évolution de l'empire inca, évoqué dans deux albums de Hergé : « Les 7 boules de cristal » et « Le temple du soleil ».
Introduction
C'est vers le début du XIIIe siècle qu'une tribu de guerriers montagnards s'installa dans le bassin de Cuzco, (3650m d'altitude), avant de régner sur le monde andin. Les premiers incas (en Quechua : « Fils du Soleil ») qui régnaient sur un petit état rural, établirent un empire sur la cordillère des Andes (Amérique du sud) du XVe siècle jusqu'à la conquête espagnole dirigée par Francisco Pizarro en 1532.
L'empire inca
Vers la fin du XIVe siècle l'empire commença à s'étendre, mais l'expansion débuta véritablement sous le règne du huitième empereur, Viracocha, qui vécut au début du XVe siècle.
A sa suite, le Sapa Inca Pachacutec se lança à la conquête du continent vers 1438, et contribua à une rapide unification de l'empire, les peuples vaincus se virent imposer le culte
du Dieu soleil « Inti » mais furent cependant autorisés à pratiquer leurs cultes locaux.
Les populations nouvellement soumises étaient transférées dans des régions déjà pacifiées et organisées, des savants et artisans de l'empire étaient envoyés auprès de
ces peuples afin d'échanger leurs savoirs.
Pachacutec et son fils Tupac Yupanqui le futur Sapa Inca, feront tomber le riche et puissant empire Chimu.
Cependant, l'empire n'atteignit son étendue maximale que sous le règne du fils de Tupac Yupanqui, le Sapa Inca Huayna Capac (circa 1493-1527)
qui étendit le royaume jusqu'à l'actuel Equateur.
A la mort de celui-ci en 1527, le territoire contrôlé par les incas comprenait la partie la plus méridionale de la Colombie, l'Equateur et le Pérou, jusqu'à la Bolivie en incluant
une partie de l'Argentine et du Chili du Nord.
L'empire s'étendait alors sur près de 3500 km du nord au sud, et sur 800 km d'est en ouest.
On estime que le nombre d'habitants de cette immense région, issus de peuplements très divers, était de l'ordre de 12 millions d'individus.
L'administration
A l'apogée de leur puissance, les incas avaient développé un système administratif et politique sans équivalent parmi les sociétés amérindiennes.
L'État inca était une théocratie fondée sur l'agriculture, organisée selon un système rigide de castes et dominée par le tout-puissant Inca qui était vénéré à l'égal d'un dieu vivant.
Le terme « inca » désignant le dirigeant lui-même, mais aussi le peuple de la vallée de Cuzco.
L'empire était divisé en quatre grandes régions orientées selon les points cardinaux, au centre se trouvait la capitale Cuzco (en Quechua : « nombril de la terre »).
Les incas appelèrent Tawantinsuyu, (en Quechua : « les quatre parties »), ces régions qui étaient elles-même formées de nombreux villages,
l'ensemble des familles, qui habitait un village formait un ayllu.
Ce territoire était composé d'étendues de terres aux climats très différents : une longue bande désertique sur la côte, entrecoupée de riches terres irriguées;
les profondes vallées fertiles des Andes; les sommets montagneux, et la forêt tropicale à l'est.
Le Quechua était la langue officielle, elle était parlée dans la plupart des communautés jusqu'à l'arrivée des Espagnols.
Le gouvernement de Cuzco parvint néanmoins à garder un contact étroit avec la marche des affaires de l'empire grâce à une organisation très élaborée.
Au niveau administratif, un contrôle permanent était exercé par les administrateurs impériaux aux pouvoirs considérables, ceux-ci allaient
même jusqu'à déplacer des populations entières pour les implanter dans une nouvelle région pour des raisons économiques, ou politiques.
L'empire inca, l'une des civilisations les plus bureaucratisées de tous les temps ne possédait cependant pas l'écriture, les fonctionnaires utilisaient à la place un système basé
sur des nœuds de différentes sortes avec des laines de plusieurs couleurs.
Les textes qui en résultaient ou quipus servaient à enregistrer toutes les marchandises qui entraient ou sortaient des entrepôts de l'état.
Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les quipucamayocs.
Il semblerait que les quipus aient aussi servi à notifier les grandes dates de l'Histoire et à consigner certains récits ou secrets religieux mais ceux-ci restent
indéchiffrables de nos jours contrairement à certains quipus de statistiques.
Les communications
Un réseau complexe de routes pavées reliaient les terres du vaste royaume entre elles, au total, plusieurs milliers de kilomètres de voies.
Ces routes, empruntées par les piétons et les caravanes de lamas permettaient une communication rapide et sûre entre les provinces et le centre de la capitale Cuzco.
Des auberges d'état étaient implantées de loin en loin sur ces voies , elles sécurisaient le voyage et servaient de relais aux voyageurs.
Cette infrastructure est étonnante car les incas ne connaissaient pas la roue, mais sans ce maillage du territoire, l'état inca, immense et complexe, se serait effondré.
Le réseau routier inca s'étalait au nord jusqu'à la province de Pasto (au sud de l'actuelle Colombie) et au sud jusqu'au Rio Maule, (au centre du Chili).
L'architecture
Les incas développèrent un style hautement fonctionnel d'architecture publique qui se distinguait surtout par des techniques avancées d'ingénierie et de maçonnerie.
L'implantation des villes était basée sur un système d'avenues principales intersectées
par un réseau de rues, qui convergeaient vers une place ouverte entourée de bâtiments d'état et de temples.
Les habitations étaient généralement d'un seul étage, et construites selon la technique
« pirca », qui consiste à enchâsser des pierres dans un mortier de boue.
Pour la construction de monuments plus imposants, tels que la grande forteresse de Sacsayhuaman près de Cuzco, les blocs massifs polygonaux
de plusieurs tonnes étaient assemblés, sans l'aide de mortier avec une extraordinaire précision.
Cuzco l'ancienne capitale de l'empire inca est en forme de puma symbolisant la force et la puissance.
La cité de Machu-Picchu (en Quechua : « vieux sommet ») au nord-ouest de Cuzco, qui fut découverte en 1911 par Hiram Bingham, est située à 2438 m d'altitude, elle est environnée de terrasses agricoles
nommées « andennes », les paysans incas, y cultivaient la pomme de terre et le maïs.
Parmi les autres réalisations d'exception, on peut citer la construction de ponts de corde suspendus (certains dépassant 100 m de long), de canaux d'irrigation et d'aqueducs.
Ces travaux étaient principalement réalisés par la main d'œuvre illimitée de l'empire au titre de la « mita » (travail obligatoire dû à l'état).
La religion
La religion d'état était basée sur l'adoration du Soleil.
Les empereurs incas étaient considérés comme descendants du dieu Soleil et étaient adorés comme des divinités.
L'or, symbole du dieu Soleil, était extrêmement prisé par les castes dirigeantes, non pas en tant que monnaie d'échange, mais principalement à des fins rituelles et sacrées.
La religion dominait toute la structure politique.
Depuis le Temple du Soleil dans le centre de Cuzco, on pouvait tracer des lignes imaginaires vers les autres lieux de culte de la ville.
Les pratiques religieuses comportaient des consultations d'oracles, des sacrifices humains, et des confessions publiques.
Le calendrier inca, extrêmement précis réglait le cycle des fêtes religieuses et
des travaux agricoles.
Part cet aspect, la culture inca ressemblait fortement à certaines cultures de la
Méso-Amérique tel que les Aztèques et les Mayas.
L'armée
Grâce aux énormes effectifs qu'ils pouvaient mobiliser, souvent plusieurs centaines de milliers d'hommes, et à la qualité de leurs armes de courte et de longue portée;
les incas disposaient, avant l'arrivée des espagnols, de la plus formidable armée de l'Amérique précolombienne.
Elle était constituée uniquement d'appelés entre 20 à 25 ans. Cette force bien organisée bénéficiait d'une infrastructure efficace de communication et de ravitaillement.
Les déplacements s'effectuaient sur un réseau de routes jalonnées de magasins disposant de vêtements, de vivres et d'armes de toutes sortes.
Le déclin
Huayna Capac mourut en 1527 sans avoir désigné son successeur, ce qui entraîna la division de l'empire.
Ses deux fils, Huascar et Atahualpa réclamèrent le droit au trône et le pays sombra dans la guerre civile.
En 1532, alors qu'Attahualpa, venait de vaincre les armées de son demi-frère Huascar et s'apprêtait à s'emparer de Cuzco, le conquistador espagnol
Francisco Pizarro revint pour la troisième fois au Pérou et débarqua sur la côte accompagné d'une troupe d'environ 180 hommes équipés d'armes à feu.
Profitant du contexte, les Espagnols tirèrent parti d'une légende prédisant l'arrivée de grands dieux blancs envoyés par le soleil, et proposèrent une entrevue à Attahualpa,
qui accepta avec confiance une rencontre avec Francisco Pizarro ce tête-à-tête tourna vite à l'embuscade malgré l'infériorité numérique espagnole !
Des milliers d'indiens furent massacrés et le Sapa Inca fut prit en otage ; une rançon importante fût demandée (11 tonnes d'or et 6 tonnes d'argent),
certainement la plus forte rançon de tous les temps !
Mais une fois la rançon payée, Francisco Pizarro donna l'ordre d'exécuter le souverain inca le 29 août 1533.
Les obsèques furent célébrées en grande pompe à l'église St François et on dit que les indiens déterrèrent le corps en cachette et transportèrent
la dépouille du Sapa Inca à Quito.
Cet évènement entraîna la chute de l'empire, les Espagnols s'acharnèrent à détruire et piller le pays.
Des années de progrès et de travail furent anéanties en très peu de temps.
Les incas devinrent la main d'œuvre des espagnols, qui s'emparèrent des précieuses ressources naturelles du pays au profit de la couronne d'Espagne.
Le Pérou fût dirigé avec une poigne de fer par des gouverneurs espagnols, et la religion catholique imposée.
Malgré cela les religions et les cultures locales perdurent encore nos jours.
Conclusion
La domination inca ne dura guère plus d'un siècle (1400-1532), mais cette civilisation est considérée, avec la civilisation égyptienne comme l'une des plus avancée de tous les temps.
La momie de Rascar Capac par Hergé.
« Rascar Capac » ou « Huayna Capac ».
Les indéchiffrables « quipus ».
La forteresse de Sacsayhuaman.
La cité de Machu-Picchu.
Les quatre parties de l'empire Inca.
L'or, symbole du Dieu Soleil « Inti ».
Le dieu soleil « Inti » selon Hergé.
Francisco Pizarro (1475-1541).
Les terrasses agricoles des paysans incas.
Le pont de l'Inca, citée de Machu-Picchu.
Le calendrier inca.
Panorama andin, depuis de la citée de Machu-Picchu.
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