A la recherche de Tintin : ou comment Le château de Lochranza sur l'île d'Arran est devenu l'étrange château de Ben More sur l'île Noire dans l'album éponyme.

Il y a quelque chose d'angoissant et de mytérieux dans un château perché sur une île rocheuse, les vagues se brisant contre ses murs escarpés, ses tourelles défiant tous ceux qui viennent le visiter. Hergé, le créateur du petit reporter, le pensait également, aussi a-t-il cherché dans les îles écossaises l'inspiration pour les décors de l'un des albums les plus célèbres et les plus appréciées des aventures de Tintin : L'Île Noire.

Hergé souhaitait faire vivre à Tintin une aventure mystérieuse et lointaine, et c'est ce que les îles écossaises offraient. L'histoire a été publiée en 1937, à une époque où les Highlands et les îles d'Écosse étaient encore peu connues de la plupart des gens. En utilisant une petite île mystérieuse et effrayante, enveloppée autant par le mythe que par la brume Hergé a créé le cadre idéal pour des aventures étranges.

Dans les années 1960, les éditeurs britanniques Methuen demandèrent que l'album soit mis à jour et que les inexactitudes de l'édition originale soient corrigées. En conséquence, Hergé a envoyé son principal assistant, Bob de Moor, en Écosse, sur les îles d'Arran et de Barra. De Moor a été impressionné par ce qu'il a vu, les paysages sauvages, les châteaux anciens et les endroits isolés balayés par le vent.

C'est ainsi que Castlebay on Barra est devenu le modèle de Kiltoch , le village écossais fictif où Tintin s'est retrouvé lancé à la poursuite d'un gang de dangereux faux-monayeurs. Tandis que le château de Lochranza à Arran a inspiré le château de Ben More, un château en ruine et soi-disant hanté par « la bête », perché de manière menaçante sur la mystérieuse île noire.

Les histoires d'Hergé étaient souvent mises en scène par rapport à la vie réelle, abordant des événements contemporains, faisant la une des journaux, comme il sied à un héros de la presse. La falsification et la contrefaçon étaient des préoccupations en augmentation dans les années 1930, tandis que le nombre croissant d'avions légers permettait aux malfaiteurs de fuir plus facilement et d'échapper à la justice. Mais évidemment pas quand Tintin était là !

A bien des égards, L'Île Noire est un thriller assez basique, qui n'est pas sans rappeler par son intrigue le roman de John Buchan « les 39 marches » porté à l'écran par Alfred Hitchcock en 1935, et donc peu de temps avant la publication en feuilleton de L'Île Noire dans Le Petit Vingtième (du 15 avril 1937 au 16 juin 1938).

Synopsis du film: A Londres, Richard Hannay rencontre une jeune femme qui se prétend poursuivie. Il accepte de l'héberger chez lui, mais il la retrouve finalement assassinée. Poursuivi par un groupe d'espions nazis « les 39 marches » et la police, il part en Ecosse... Ajoutons que bien que la police soit particulièrement incompétente dans le film elle n'arrive toutefois pas à surpasser Dupond et Dupont !

Les cinéphiles auront également reconnu dans « la bête » terrifiante de L'Île Noire, le terrible King Kong qui avait été projeté sur grand écran peu de temps auparavant (1933). Notons également qu'à cette époque les journaux étaient pleins de reportages sur les premières apparitions du monstre du Loch Ness (évoqué par Tintin dans le pub écossais). Dans son récit, Hergé introduit habilement le pouvoir de la superstition utilisé par les bandits pour décourager les éventuels visiteurs de l'île Noire.

Une dernière question se pose, comment les bandits ont-ils réussi à entrer et à sortir de l'île ?
La réponse vient encore de Barra, Hergé ayant utilisé la piste d'attérrissage de la plage de l'aéroport de Barra comme modèle pour la piste d'atterrissage de la plage de l'île Noire. Au final, il s'agit de l'un des scénarios des aventures de Tintin les mieux construits, grâce en grande partie aux îles d'Arran et de Barra !

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