Jean-Loup et Walter Jean-Loup de la Batellerie, et son inséparable compère le photographe Walter Rizotto, de l'hebdo «Paris-Flash», nous présentent après une longue et difficile enquête, la biographie de Basil Zaharoff l'homme qui inspira Hergé pour créer le personnage de Basil Bazaroff.




De Basil Zaharoff à Basil Bazaroff




Biographie :

Sir Basil Zaharoff, de son vrai nom Zacharias Basileo Zarapoulos né le 20 octobre 1849, à Mugla, Turquie était un financier gréco-russe, marchand d'armes et, président de la société Maxim-Vickers-Armstrong durant la première guerre mondiale. On dit de lui qu'il a alimenté les conflits en vendant des armes à des nations ennemies.


Sa famille d'origine grecque réside à Constantinople, à la suite des pogroms anti-grecs de 1821 ses parents s'exilent en Russie. Dans les années 1840 retour en Turquie, la famille s'installe en Anatolie dans la ville de Mugla, puis en 1855 à Constantinople. Il débute comme guide touristique dans cette ville, puis comme agent de change et c'est à cette époque, qu'il est accusé de remettre de l'argent contrefait aux touristes. Zaharoff apparait ensuite à Londres impliqué dans une affaire d'actions commerciales illégales. Il est relaxé contre le paiement de 100 livres. Il part précipitamment pour la Grèce.


Arrivé à Athènes, Zaharoff, se lie d'amitié avec un journaliste politique, qui lui procure un poste de représentant chez le fabriquant d'armes Thorsten Nordenfelt le 14 octobre 1877. Une des ventes les plus importantes de Zaharoff fut celle du Nordenfelt I, un sous-marin à vapeur.
Zaharoff vendit le premier modèle aux Grecs avec des facilités de paiement, ensuite, il convainquit les Turcs et les Russes que l'exemplaire des Grecs représentait une menace pour eux, et... il vendit deux sous-marins à la Turquie, et deux deux sous-marins à la Russie !


En matière de corruption Zaharoff était passé maître, et il a eu une influence sur les évènements qui se sont déroulés autour des démonstrations de la mitrailleuse de Maxim entre 1886 et 1888. La mitrailleuse de Maxim était certainement meilleure que tout ce qu'avait Nordenfelt dans sa gamme à ce moment-là.
Les deux démonstrations eurent lieu en Autriche.
Lors du premier essai, les mitrailleuses de Maxim commencèrent à fonctionner de manière erratique avant finalement de s'enrayer. Quand Maxim prit son arme pour voir ce qui s'était passé, il se rendit compte qu'elle avait été sabotée. Lors du second essai la mitrailleuse de Maxim fonctionna parfaitement. Mais un inconnu réussi à convaincre les responsables militaires que la mitrailleuse de Maxim ne pourrait jamais être produite en série, empêchant ainsi la signature du contrat.
Nordenfelt et Zaharoff avaient triomphé.


Maxim, qui était conscient d'avoir un bon produit, chercha un accord avec Nordenfelt, incluant Zaharoff comme principal vendeur. En 1890, l'association entre Maxim et Nordenfelt se termina et Zaharoff choisit de rester avec Maxim. Avec ses commissions Zaharoff acheta des parts de la société jusqu'à ce qu'il puisse annoncer à Maxim qu'il n'était plus un employé, mais un actionnaire aussi important que lui.
En 1897 l'entreprise Maxim était devenue assez importante pour susciter une offre d'achat de la part de Vickers, un des géants de l'industrie de l'armement. En 1911, avec le retrait de Maxim, Zaharoff rejoint le conseil d'administration de la Vickers.


La première décennie du XXe siècle fut une époque de réorganisation et de modernisation pour beaucoup d'armées européennes, ce qui avantagea Zaharoff. Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, les possessions de Zaharoff s'étendirent à d'autres zones pour aider son commerce d'armes.
En rachetant L'union Parisienne des Banques (qui était généralement associée à l'industrie lourde) il put mieux contrôler les arrangements financiers. En prenant le contrôle du journal Excelsior il put s'assurer de lignes éditoriales favorables à l'industrie de l'armement.
Il n'avait plus besoin d'autre chose que d'honneurs.
Le 31 juillet 1914 Raymond Poincaré signa le décret le hissant à la dignité de chevalier de la Légion d'honneur. A la fin de la guerre, Le Times estimait que Zaharoff avait dépensé 50 millions de livres pour la cause alliée, ignorant que ce n'était qu'une petite fraction de ses bénéfices liés au conflit. Il fut fait Chevalier grand-croix de l'ordre de l'Empire britannique, et élevé au rang de baron, il pouvait donc être appelé Sir Basil Zaharoff.


En même temps qu'il fomentait des guerres, Zaharoff fut aussi impliqué dans deux affaires financières majeures.
En octobre 1920 il participa à la création d'une société qui fut un prédécesseur du géant British Petroleum ; Zaharoff pressentant qu'il y avait un grand avenir dans le commerce du pétrole.
Son association avec Louis II de Monaco l'amena à acheter la Société des bains de Mer couverte de dettes. Cette société gérait le Casino de Monte-Carlo, principale source de revenus du pays. Il réussit à rendre à nouveau le casino bénéficiaire.
Zaharoff était tellement riche à cette époque qu'il proposa à Louis II de Monaco de lui acheter la principauté entière, mais le prince refusa.
Avec le secret espoir d'établir sur le trône Maria del Pilar.
(*) voir le chapitre vie privée


Sa vie privée fut tout aussi rocambolesque :

Marié en premières noces au début des années 1870 avec Emily Ann Burrows sous le nom de Zacharia Basilieus Gortzacoff, il se sépara de cette épouse quelques années plus tard sans divorcer, d'où un scandale lorsqu'un journal publia ses secondes noces en 1885 avec une héritière américaine, ce qui le faisait bigame. Il se tira d'affaire en prenant la fuite et en changeant son nom.
Le 22 Septembre 1924, à l'âge de 75 ans, Zaharoff se remaria avec l'amour de sa vie, (*) Maria del Pilar de Muguiro y Beruete Duchesse de Villafranca, cousine du Roi d'Espagne.
Il l'avait rencontrée en 1886, à bord de l'Orient-Express, elle avait 17 ans, lui 36, Zaharoff fut tout de suite sous le charme, mais elle était mariée avec un duc.
Maria, catholique, ne voulait pas entendre parler de divorce, bien que son époux soit interné dans un asile. Ils durent attendre la mort du duc (1923).
Dix-huit mois après son mariage avec le Baron Zaharoff, Maria décéda d'une infection.
Après cet évènement qui le terrassa moralement, Sir Basil liquida ses affaires et entreprit de rédiger ses mémoires, et cette rumeur fit trembler le monde, tant les États et leurs chefs compromis dans les négociations tortueuses du marchand d'armes étaient nombreux.
Les mémoires furent dérobées par un domestique, qui avait espéré faire fortune en révélant les secrets des grands de ce monde, mais la police retrouva le manuscrit et le rendit à son propriétaire en toute discrétion.
Ces écrits dérangeants, cette ultime provocation, trouvèrent leur fin dans les flammes, lorsque le Baron Zaharoff les fit brûler.


Zacharia Basileo Zarapoulos, alias Basil Zaharoff, mourut à Monte-Carlo, à l'hôtel de Paris, le 27 Novembre 1936 au matin, dans sa 87ème année, il partageait ses jours entre son château de Balincourt à Arronville, petit village du Val d'Oise où il est enterré, et Monte-Carlo.



Basil Zaharoff vu par Hergé :

Dans l'album des aventures de Tintin « l'Oreille cassée », Basil Zaharoff est représenté sous les traits du vendeur d'armes Basil Bazaroff qui incite le San Théodoros du général Alcazar à s'armer pour prendre le contrôle de la région du Gran Chapo riche en pétrole, avant de s'envoler pour la république du Nuevo Rico vendre le même type d'armes au général Mogador le président du pays voisin.

Basil Zaharoff ou Basil Bazaroff

Basil Zaharoff ou Basil Bazaroff ?


Basil Bazaroff un représentant plein de zèle

Un représentant plein de zèle.


Basil Bazaroff du matériel de qualité

Du matériel de première qualité.


La méthode Zaharoff - Bazaroff

La méthode Zaharoff - Bazaroff...


La méthode Zaharoff - Bazaroff

... fournir des armes aux deux parties.


Basil Zaharoff et son double de papier

Basil Zaharoff et son double de papier.


Basil Bazaroff maître en matière de corruption

Un maître en matière de corruption.


Le château de Balincourt à Arronville

Le château de Balincourt à Arronville.


Carte de visite de Basil Bazaroff

Carte de visite de Basil Bazaroff.



Canon 75 T.R.G.P.

Canon 75 T.R.G.P.


Chronique Précédente  Chronique Précédente.   Sommaire  Retour sommaire chroniques  Chroniques   Chronique Suivante.  Chronique Suivante



pub Basil Bazaroff

Haut de page