Tintin et les appareils photo




Jean-Loup de la Batellerie et Walter Rizotto


Avec l'aide de Gabriel Coatantiec, l'un des chroniqueurs de ce site, Jean-Loup de la Batellerie, et son photographe Walter Rizotto, de l'hebdo «Paris-Flash», nous donnent leur avis de professionnels sur le matériel photographique et les scoops journalistiques de Tintin.



0n sait que Tintin est un reporter. Pour ses trois premières aventures, c'est son journal, « Le Petit Vingtième », qui l'envoi en mission, en Union soviétique, au Congo et aux États-Unis, réaliser des reportages. Cependant, dans l'ensemble de ses aventures, on ne le voit seulement que deux fois exercer son métier de reporter :
La première fois dans « Tintin au pays des Soviets », quand ce dernier rédige un long article pour raconter son périple soviétique. La scène mérite d'être signalée : Tintin, le grand reporter, ne produira qu'un « papier » dans toute sa carrière ! Mais quel « papier » ! La seconde fois quand il prend des photographies animalières au Congo.


Ce sont les seules fois où l'on peut voir Tintin exercer le métier de reporter. Trois albums me semblent porter les occurrences les plus marquantes de la photographie dans l'univers de Tintin. Considérons-les dans leur ordre chronologique, qui me semble d'ailleurs faire sens. Dans « Le Lotus Bleu » se trouve une scène impliquant un photographe ambulant et son appareil. Alors que Tintin et Tchang s'apprêtent à poser pour une photo-souvenir. « Attention ! le petit oiseau va sortir », ce sont des balles qui sortent de l'objectif : Tintin est touché. Une vue en coupe révèle que l'appareil photo contient une mitraillette. L'appareil photo était au service du mal.


C'est dans « Le sceptre d'Ottokar » que le rapport à la photo est le plus développé. D'abord à travers un appareil-espion caché dans une montre à gousset. Les appareils photo miniatures, existaient déjà, dissimulés dans un sac, dans une cravate, dans une montre à gousset, avec des pellicules spéciales bien plus petites... Pour les espions dans Tintin ! Vous noterez la surprise du reporter face à cet individu qui règle sa montre au pied d'un escalier. Comme si il y avait une place bien définie pour regarder ou mettre à l'heure sa montre... La montre appareil photo est ensuite transmise au développeur. Le développement du négatif, se révélera inefficace puisque l'image est mal cadrée. Mais le résultat n'est pas très probant, il faut viser à vue...


Ce type d'appareil photo a bien existé, sous les marques Expowatch et Ticka, ils se sont vendus jusque dans les années 1920. Cependant, ce n'était pas une montre/appareil photo, mais uniquement un appareil photo en forme de montre gousset. L'objectif se situait dans la bélière.
Les scènes suivantes concernent monsieur Czarlitz, ce talentueux photographe n'apparaissant que furtivement dans Le Sceptre d'Ottokar, a pourtant joué un rôle très important dans l'affaire du complot contre Muskar XII, roi de Syldavie. En effet c'est grâce à lui et à son appareil photographique truqué que le sceptre a pu être dérobé. Sous le couvert d'une profession très officielle, Czarlitz conspirait contre le monarque syldave. Là encore, l'appareil se trouvera être au service du mal puisqu'il sera le moyen de faire sortir le sceptre du château. Comment ? Par le truchement d'un ressort dissimulé à l'intérieur qui permettra de projeter le sceptre de l'autre côté de la rive.


Si bien que l'appareil photo n'apparaît qu'en tant que truqué (jouet ou arme), tandis que c'est une montre qui est capable de prendre une photo. A la fin de l'album, est détaillé le carnet contenant les photos-espionnes, et c'est l'une d'elle qui permet de donner une clef de l'énigme : la gémellité du professeur Halambique. L'image photographique cadre le double que la réalité n'avait pu assembler. Ouf, la fonction retrouve sa fonction de preuve ! Les apparences semblent donc montrer que Hergé n'avait pas beaucoup d'estime pour la photographie ? Ce serait ignorer la dernière occurrence, peut-être la plus belle.


Dans « Tintin au Tibet », c'est lui qui va sauver Tintin : alors que le Yéti s'apprête à se jeter sur lui pour l'empêcher de lui ravir Tchang... Le Yéti est aveuglé par l'éclair de magnésium du flash. Et s'enfuit à toutes jambes. Mais regardez bien l'image : est-ce Tintin qui se défend et appuie sur le déclencheur, devenant ainsi, enfin, photographe ? Et non, c'est le Yéti qui, se saisissant malencontreusement de l'appareil s'est auto-aveuglé. Une fois de plus, presque comme toujours dans l'œuvre de Hergé, l'appareil photo a été détourné de sa fonction...


Les tintinophiles seront également intéressés par l'album des « Bijoux de la Castafiore » où une équipe de « Paris-Flash » interviewe la Diva dans le jardin de roses de Tournesol. Notre ami Walter Rizotto, utilise un appareil photo pour capter la scène qui fera la « une » du journal à scandale. Quel marque d'appareil ? C'est un secret professionnel... Nous confions donc l'enquête aux célèbres détectives Dupond et Dupont : A suivre...


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Les montres Tintin

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