Lors d'un précédent entretien, vous avez pu admirer mon diplôme, mais vous ai-je dit que j'avais obtenu en 1943 la plus haute distinction pour une concierge : le « Balai d'or » ?
Non, eh bien voilà un oubli réparé !
Ce diplôme fut conquis de haute lutte !
Je vous en rappelle les principales épreuves.
Tout d'abord une épreuve d'admissibilté (coeff.2, 3 heures) où il fallait rédiger une dissertation sur un sujet d'actualité :
« Problématique de la finalité et de l'adéquation du produit ménager avec la matière ou la surface traitée ».
Ensuite 2 épreuves en situation où il fallait épousseter en un temps record une salle à manger Louis XV avec toute son argenterie,
puis nettoyer la cuisine d'un hôtel et faire la vaisselle après un banquet des « Amis des Arts » présidé par Lucien Rebatet (NDLR : nous sommes en 1943).
Après ces épreuves sélectives nous n'étions plus que 4 sur les 32 admissibles !
Ma plus valeureuse concurrente fut Philomène Godillot mais elle perdit les pédales dans l'épreuve dite de la mansarde où il fallait récurer à fond et
remettre de l'ordre en un minimum de temps dans une chambre d'étudiant (un summum de difficulté dans notre profession). En effet, au moment où elle allait faire le lit,
elle aperçut un singe qui dormait paisiblement (il avait dû s'introduire par le toit)... Affolée, elle abandonna.
Du coup je remportai la distinction suprême dans l'ultime épreuve dite "de l'escalier" où il fallait nettoyer impeccablement les marches tout en faisant un rapport
détaillé sur les allées et venues des locataires et surtout les activités louches de couples non légitimes. Mon rapport fut apprécié à sa juste valeur et, d'ailleurs,
l'un des membres du jury divorça peu après.
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