les Mémoires du chevalier de Hadoque
cul de lampe licorne

Chapitre III

Le Chevalier de Hadoque

Texte extrait du livre de Stéphane Bern paru chez Folio


François de Hadoque Pirate, brigand ou flibustier ? Qui est l'ancêtre du capitaine ? En 1698, la France de Louis XIV vient de perdre la guerre contre une coalition de grandes puissances maritimes. Elle récupère néanmoins la moitié de Saint-Domingue, dans les Antilles. Cette partie de l'île, connue aujourd'hui sous le nom d'Haïti, se trouve à 40 miles de la Tortue, repaire de tous les pirates des Caraïbes.
C'est à travers cet enfer que doit naviguer La Licorne, bien lestée en rhum et commandée par «François, Chevallié de Hadoque, Capitaine de la Marine du Roy». L'aïeul du capitaine Haddock est donc clairement l'ennemi des forbans qui partent a l'abordage en hissant le Jolly Roger, le pavillon de «la mort pour tous».
Hergé a placé à leur tête le redoutable Rackham le Rouge, synthèse originale de John Rackham, pendu en 1720 à la Jamaïque, de Lerouge, un sapajou de fiction vu dans le roman «Le Corsaire du Connecticut», et de Monbars l'Exterminateur, un chef de flibuste favorable à la liberté des Indiens. Rackham le Rouge se rendra maître de La Licorne et fera prisonnier François de Hadoque sur son propre navire. Mais le chevalier saura profiter de l'ivresse des pirates pour s'évader en sacrifiant son vaisseau. Réfugié sur une île perdue, Hadoque mènera pendant plusieurs années une vie de Robinson, avant d'être ramené dans son pays.
Dans ses Mémoires légués au capitaine Haddock, il laissait un mystérieux testament faisant référence à trois modèles réduits de La Licorne. Si Tintin y verra la piste d'un trésor, les Licornes cachaient en réalité un tout autre secret, celui des racines et de l'identité du capitaine. Plutôt que des pierres précieuses, l'épave de La Licorne livrera des bouteilles de rhum et le parchemin par lequel Louis XIV offrait à son «cher et aimé» François de Hadoque, alors jeune lieutenant, le château de Moulinsart.
Du coup, certains tintinologues ont émis l'hypothèse que le chevalier pourrait être un bâtard du Roi-Soleil, voyant dans le «dauphin couronné» sculpté au-dessus de la porte du château de Moulinsart, un signe posé par Hergé dans Les 7 Boules cristal.
Extraordinaire coïncidence ? Si Hadoque avait 40 ans en 1698, l'affaire est plausible. Louis XIV aurait eu vingt ans à sa naissance. À cette époque, il séduisait déjà Lucie de La Motte-Argencourt et les s½urs Mancini: Olympe, comtesse de Soissons, et Marie, nièce du cardinal Mazarin ... On savait Hergé friand de ce genre de mystères généalogiques. Sa propre famille a longtemps entretenu le mythe d'une ascendance royale. Il se disait à mots couverts que son père, Alexis Remi, était un fils caché du roi des Belges ou d'un aristocrate en vue à la Cour de Bruxelles.
Quoi qu'il en soit, est-il vraisemblable que Louis XIV ait pu, en 1684, faire don de la propriété de Moulinsart au chevalier de Hadoque ? La guerre contre les Habsbourg avait conduit ses armées à occuper une large part de la Belgique actuelle, que le Roi-Soleil dominera jusqu'en 1713. Le roi de France était donc bien en mesure de faire cadeau du château à François de Hadoque.

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