Le capitaine A.Haddock
Le capitaine A.Haddock, président de la L.M.A, nous parle aujourd'hui des corsaires, des boucaniers, et des pirates, dont le célèbre Rackham le Rouge. Il fait également le point sur la façon dont Hergé a traité le sujet dans le diptyque le plus célèbre de son œuvre.




de Jack Rackam à Rackham le Rouge



Dans «Le secret de la Licorne» et «Le trésor de Rackham le rouge» Hergé témoigne d'une grande rigueur documentaire.
L'histoire se situe en 1698, début d'une époque que les historiens considèrent comme «l'âge d'or de la piraterie». Cette période va durer environ trente ans, c'est-à-dire rien ou presque. Elle prendra fin au moment où les flottes nationales chargées de protéger le commerce maritime entreront en action.

En attendant, de nombreux aventuriers entreront dans l'histoire en se faisant pirates. Outre-Atlantique, la mer des Caraïbes et les îles Bahamas deviendront leur fief. De là, ils partiront écumer les côtes de l'Amérique.

Mais si les forbans du nouveau monde sont ceux qui enflamment le plus nos imaginations, ceux de l'ancien n'avaient souvent rien à leur envier. Des côtes africaines à l'Océan Indien, ils écumaient la route des Indes au point qu'aucun navire marchand ne pouvait plus y naviguer sans escorte. En Méditerranée, les pirates barbaresques constituaient un véritable fléau, car il s'agissait d'une piraterie d'état. C'est d'ailleurs pourquoi on parlait des «corsaires» barbaresques.


Corsaires ou pirates ?


La différence est pourtant bien marquée puisque selon le Larousse: «Le corsaire est muni de lettres de son gouvernement et armé seulement en temps de guerre. Pris, il est traité comme prisonnier de guerre».
Le pirate lui s'il est capturé est pendu haut et court après un jugement sommaire.


je suis Rackham le Rouge

Rackham le Rouge, que Hergé met en scène dans les deux albums appartient incontestablement à la confrérie des pirates, puisqu'il s'en prend à tous les navires marchands qu'il rencontre.


Les aventures de Jack Rackam.


Pour rendre son personnage plus crédible, Hergé s'est inspiré d'un pirate authentique, Jack Rackam, surnommé «Calico Jack» à cause des vêtements en coton de couleurs vives qu'il affectionnait.
Jack Rackam avait bénéficié du pardon accordé par le roi d'Angleterre George 1er : «à chacun des pirates qui se soumettront avant le 5 septembre 1718».
Quelque temps avant de redevenir honnête, «Calico Jack» avait rencontré Anne Bonny, célèbre femme pirate qui allait devenir son égérie.
Il trahit alors sa parole et reprend ses coupables activités en compagnie de sa complice et d'une autre femme pirate Mary Read.
En peu de temps Jack Rackam et son équipage vont devenir la terreur des Caraïbes. Pas pour longtemps, car en octobre 1720, il sont surpris au mouillage par un bâtiment de la Royal Navy.
Anne Bonny se défend comme une tigresse, alors que son compagnon et une partie de l'équipage ivre mort se cachent dans la cale. Pris et conduits à la Jamaïque pour y être jugés, les trois forbans et leurs complices sont condamnés à mort. Jack Rackam est pendu le 16 novembre 1720.


Le bateau de Jack Rackam et de Rackham le Rouge.


Corsaires, boucaniers, flibustiers, pirates et forbans ont un point commun : ils utilisent les mêmes navires. Cela ne doit pas nous surprendre, puisque si les motivations varient, la guerre que mènent ces aventuriers est avant tout une guerre au commerce. Il s'agit de s'emparer des riches bâtiments marchands qui ramènent en Espagne, l'or du Mexique et du Pérou.

Lorsqu'il avait repris ses activités de pirate, Jack Rackam s'était emparé d'un sloop marchand imprudemment mouillé à Nassau.
Le sloop, est un bâtiment à un seul mât dont l'agilité est particulièrement appréciée des pirates. Avec ses deux mâts élancés, un autre navire très prisé est le brigantin, littéralement «bateau de brigands». Son nom viendrait de l'italien «brigante» devenu «brigand» dans la langue de Molière.

Clin d'œil au capitaine Rackham le Rouge, le bateau dessiné par Hergé est entièrement peint en rouge. Cette couleur, en réalité «sang de bœuf», était largement utilisée à l'époque. Elle recouvrait l'intérieur des pavois et de nombreux équipements du pont, c'était il faut le dire une couleur relativement bon marché. Sans doute le bateau du capitaine Rackham le Rouge est-il un peu trop flamboyant, mais aujourd'hui comme hier, les forbans se distinguent rarement par leur bon goût.


La stratégie de Jack Rackam et de Rackham le Rouge.


Nous l'avons vu, sloops, brigantins, frégates légères et même parfois simples chaloupes armées sont les bateaux préférés des pirates des Caraïbes. Ceux-ci étaient en effet souvent obligés d'employer les navires qu'ils avaient sous la main en s'efforçant par quelques transformations, de les rendre plus rapides, le plus souvent au détriment de l'armement lourd.
Car dans le cadre de cette coupable activité, la vitesse est une arme essentielle. «Il importe en effet d'être plus rapide que le navire marchand poursuivi». Il faut également pouvoir distancer un adversaire plus fort.
Contrairement à ce que l'on croit trop souvent, le pirate ne recherche pas systématiquement le combat.
Quand il rencontre un riche galion espagnol, le «Jolly Roger» en tête de mât suffit généralement à convaincre l'adversaire à se rendre.
L'usage de la force reste très exceptionnel, mais quand cela se produit, le bâtiment convoité sera presque toujours pris à l'abordage, le bateau pirate ayant rarement les moyens de soutenir une longue canonnade.
De la même manière, il évitera soigneusement de s'en prendre à un navire de guerre, même si celui-ci navigue isolément.

A ce propos, La Licorne est décrite par le capitaine Haddock comme «un vaisseau de troisième rang» soit environ 50 canons. Dans la réalité, Rackham le Rouge aurait immédiatement vu qu'il avait affaire à un «marchand de boulets» dont il convenait de s'écarter toutes voiles dehors.


Le pavillon de Jack Rackam et de Rackham le Rouge.


L'expression «Jolly Roger» qui désigne le pavillon noir chez les marins anglo-saxons, est sans doute d'origine française. Les historiens pensent que les boucaniers et pirates français de la mer des Caraïbes appelaient leur pavillon rouge : «le joli rouge». Les pirates Britanniques auraient déformé cette appellation en «Jolly Roger», qui aurait été ensuite conservée pour le drapeau noir.

attention Que voit François de Hadoque dans sa longue-vue...?

le pavillon noir



En conclusion.


On peut dire que pour construire ces deux albums, Hergé avait puisé, comme souvent, aux meilleures sources.


gravure de Jack Rackam

Jack Rackam (archives F. de Hadoque).


le pavillon de Jack Rackam

Le «Jolly Roger» de Jack Rackam.


Calico Jack

«Calico Jack» (collection A.Haddock).


«La Licorne» vaisseau de 3ème rang

«La Licorne» un vaisseau de 3ème rang.


le joli rouge

Le «Joli rouge» des pirates Français.


La capture de «La Licorne»

Rackham s'accapare «La Licorne».


une bonne prise

La piraterie une activité très lucrative... !


le duel entre Rackham et Hadoque

Le duel à mort entre les deux capitaines.

l'abordage de la Licorne

Rackham le Rouge a lancé à son équipage: flibustiers ! à l'abordage et pas de quartier...!!



Chronique Précédente  Chronique Précédente.   Sommaire  retour sommaire chroniques  Chroniques   Chronique Suivante.  Chronique Suivante



pub Arabex

Haut de page